D'un jargon à l'autre

Même sans utiliser de vocabulaire trés spécialisé (voir le test),
on emploie sur un plateau de tournage de nombreux termes anglo-saxons, ou franglais :

Pour la scène du flashback, le directeur hésite entre la dolly et le steadycam. Finalement, il s'adresse au cameraman : " tu fais un zoom, comme dans le storyboard..." La scripte contrôle le moniteur et note le time code au moment du clap. Mais le perchman n'est pas prêt, occupé à régler la mixette. La star s'impatiente : "déjà que ce script est un remake, mais avec des amateurs !..." Le directeur se dit qu'il aurait dû faire un meilleur casting. Il pense déjà au derushage. On lui a accordé le final cut à condition de fournir le master à la fin du week-end... Pourvu qu'il n'y ait pas de drops dans les rushes !

Pour les remplacer, l' Académie Française et l'Office de la francophonie proposent des équivalents dans notre langue :

Pour la scène du retour en arrière, le réalisateur hésite entre le chariot de travelling et la caméra portée. Finalement, il s'adresse au cadreur : " tu serres progressivement, comme dans le scénarimage..." La secrétaire de plateau contrôle l'écran témoin et note le code temporel au moment de la claquette. Mais le perchiste n'est pas prêt, occupé à régler le mélangeur. La vedette s'impatiente : "déjà que ce scénario n'est qu'une nouvelle version, mais avec des amateurs !..." Le réalisateur se dit qu'il aurait dû faire une meilleure selection de la distribution. Il pense déjà à la consignation. On lui a accordé le montage final à condition de fournir la bande maîtresse d'ici lundi... Pourvu qu'il n'y ait pas de mosaïques dans les épreuves de tournage !

Mais dans des ouvrages techniques théoriques, on pourait peut-être lire :

Pour la scène de prolepse, le réalisateur hésite entre le véhicule de déplacement linéaire et le porte caméra à compensation inertielle de mouvement. Finalement, il s'adresse à l'opérateur d'images : " tu augmente la longueur de focale, comme dans le visuel de découpage..." La collationneuse de données contrôle la sortie video secondaire et note le code SMTPE au moment du signal manuel de synchronisation audio-video. Mais le positionneur de microphone porté n'est pas prêt, occupé à régler les potentiomètres d'équilibrage des amplitudes sonores. L'icone médiatique s'impatiente : "déjà que ce texte n'est qu'un erzatz, mais avec des amateurs !..." Le réalisateur se dit qu'il aurait du opter pour une meilleure incarnation des rôles. Il pense déjà à la selection critique des prises. On lui a accordé de faire valoir sa vision artistique à condition de fournir l'original technique à la fin du congé dominical... Pourvu qu'il n'y ait pas d'aggrégation de pixels dans le matériau brut de captation !

Cela dit, un tournage en banlieue devra peut-être s'adapter à la langue locale...

Pour la scène de souvenir, le boss hésite entre le cady et le robocop. Finalement, il s'adresse au borgne : " tu va lui compter les poils de nez, comme dans la bédé..." La meuf qui mate la télé note l'heure au moment du pince-doigts. Mais l'athlète n'est pas prêt, occupé à faire le deejee. La meuf qui se la joue s'impatiente : "déjà que c't'histoire est une resucée, mais avec des amateurs !..." Le boss se dit qu'il aurait du la lever dans une meilleur boite. Il pense déjà à la soirée télé. On l'a laissé se débrouiller à condition de fournir la came à la rentrée des bouffons... Pourvu qu'il n'y ait pas de gubs dans les cassettes !